A 5 journées de la fin de la saison régulière, Toulon, le leader, ne compte plus que 3 points d'avance sur le Racing Metro 92, qui lui rendra visite le 25 mai prochain à Mayol. Les Parisiens montent en puissance mais refusent de se projeter vers la Rade, à l'image de leur entraîneur Philippe Benetton. Pour lui, le Racing est sur la bonne voie mais le chemin vers le Top 14 toujours semé d'embûches.
«Dimanche dernier, le Racing est allé gagner à La Rochelle (11-12) là où Toulon s'était incliné une semaine plus tôt. Faut-il y voir un signe ?
Je ne crois pas. En tout cas, cela veut dire que nous sommes en progression constante et que la construction de notre jeu avance. La Rochelle est une très belle équipe, très bien organisée, avec un jeu plaisant et nous avons su nous imposer, c'est encourageant.
Votre victoire s'est appuyée sur une grosse conquête en mêlée, est-ce la satisfaction principale ?
On a été bons effectivement en mêlée fermée, mais aussi en touche et en défense, un peu moins en attaque. Le but, c'est de continuer comme ça sur les bases mais d'arriver à aller porter le danger plus souvent dans le camp adverse. Seul le travail le permettra.
Vous vous êtes adapté au style de la Pro D2...
Lorsque Pierre (NDLR : Berbizier, manager général) est arrivé, il m'a demandé de lui définir les caractéristiques de ce Championnat. Je lui ai dit : "C'est pas compliqué, un gros paquet d'avants et un numéro 10". Si tu n'assures pas le combat, la conquête, tu as des soucis en Pro D2. On a beaucoup travaillé là-dessus mais sans oublier de tenter de produire un jeu plus élaboré. Aujourd'hui, on peut dire que notre jeu ne s'arrête pas au numéro 10. La base est forte mais nous jouons derrière.
Après quelques mois d'hésitations, votre équipe semble lancée...
On avait établi un schéma général au début en partant du collectif. Au fil du temps le groupe évolue, tout le monde se met à parler le même langage, pas seulement la langue, mais sur le terrain. Ce qui nous permet désormais d'entrer plus dans le détail, la technique.... et de revenir à 3 points seulement de Toulon.
Rien ne sert de courir disait la fable de La Fontaine...
Oui mais la fable n'est pas finie. On verra au soir de la dernière journée du Championnat. Nous sommes sur une bonne dynamique, avec quelques beaux succès mais nous avons aussi perdu des matches que l'on devait gagner. Donc prudence. On ne s'enflamme pas. Nous souhaitons continuer à faire ce que nous faisons depuis le début de la saison, c'est-à-dire monter tout doucement dans la hiérarchie de ce Championnat, travailler sans faire de bruit.
«On n'a pas les yeux rivés sur Mayol»
Mais à ce rythme vous allez forcément en faire du bruit...
On n'a pas les yeux rivés sur Mayol, si c'est ce que vous voulez dire. On vient de battre La Rochelle, c'est du passé, pensons à Limoges qui va se battre pour le maintien face à nous. Nous ne sommes pas du genre à faire des déclarations, alors c'est sûr que l'on suscite de plus en plus de curiosité, qu'il y a de plus en plus de bruit autour du club, mais je dis bien autour, à l'intérieur rien n'a changé.
Vos objectifs de début de saison ont-ils changé, eux ?
L'objectif était d'accrocher les demi-finales. Au fur et à mesure, on s'est dit quitte à accrocher une demi-finale, autant la jouer à domicile, chez nous à Colombes.
A Colombes ou au Parc des Princes ?
Le parc où l'on joue, c'est le Parc des Sports de Colombes. Notre stade, c'est Yves du Manoir, donc si on joue à domicile, ce sera là. On disait partout que le Racing accueillerait Toulon au parc des Princes, on a joué à Colombes, donc...
Revenons aux objectifs, la première place et donc la montée directe, y songez-vous ?
Si l'opportunité se présente, nous ne dirons pas non. Mais si nous n'atteignions pas cette première place, c'est que nous ne la méritions pas. Pour cela, il nous faut être meilleurs à chaque sortie, engranger le maximum de points.
Lorsqu'on compare avec Toulon, le Racing semble avoir une meilleure dynamique en ce moment ?
Toulon est en tête depuis le début de la saison, ils ont compté quasiment 14 points d'avance sur le deuxième pendant six mois. C'est dur de mettre la pression sur un groupe qui a une telle marge, de les remotiver en permanence. Je ne connais pas l'état d'esprit des joueurs toulonnais, peut-être que nous voir revenir les boostera davantage. Mais encore une fois, Mayol c'est dans trois matches, d'abord il y a Limoges, puis Agen à négocier. Et des Agenais relancés dans la course aux demies après notre victoire à La Rochelle.
«La victoire à Oyonnax a fait prendre conscience de pas mal de choses»
Agen, ce sera un match particulier pour vous...
J'ai passé 19 ans là-bas. Je vois que les mentalités n'ont pas changé, ils font toujours les mêmes conneries que quand j'y étais...
A propos de votre groupe, David Auradou disait récemment qu'une équipe était née. Est-ce votre sentiment aussi ?
L'équipe a été renouvelée à 80% à l'inter-saison avec des joueurs venus d'horizons différents. Il a fallu solidifier ce groupe, cela ne se fait pas d'un coup de baguette magique. Un groupe se construit dans la vie de tous les jours, les joueurs se connaissent de mieux en mieux et s'apprécient de plus en plus. Ils sont solidaires, des automatismes se créent entre eux sur le terrain et ça commence à se voir.
Y-a-t-il eu un moment fort qui a fait office de déclic ?
Le travail fourni par tous a surtout constitué ce déclic, mais je pense que le match à Oyonnax a fait prendre conscience de pas mal de choses. Cette victoire (NDLR : 16 à 9 le 23 mars dernier) dans des conditions extrêmes, il neigeait, a servi de révélateur. L'équipe s'est resserrée dans le combat. Elle a permis d'afficher quelques certitudes.
A 5 journées de la fin de la saison régulière, vous devez avoir planché sur la saison prochaine. Des noms de joueurs circulent pour rejoindre le club en cas d'accession.
Les noms que vous évoquez viennent de vous, la presse. En ce qui nous concerne, nous ne nous détournons pas de notre ligne de conduite. Nous sommes en construction, des dossiers sont en cours, mais rien ne sera annoncé. Nous travaillons selon les valeurs du rugby, solidarité, rigueur. Dans l'ombre, pour briller un jour.»
Propos recueillis par Philippe FLEYS
http://www.lequipe.fr/Rugby/breves2008/20080507_125653_benetton-la-fable-n-est-pas-finie_Dev.html
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